Bernard BAUDUCEAU, HIA Bégin, Saint-Mandé
Ce travail avait pour objectif d’évaluer l'importance pronostique de la variabilité de la PA dans la survenue des complications micro- et macro-angiopathiques chez les personnes présentant un diabète de type 2.
Un groupe de 640 patients diabétiques de type 2 a fait initialement l’objet d’une mesure ambulatoire de la PA (MAPA) puis d’un suivi d’une durée médiane de 11,2 ans. Les niveaux de PA de jour, de nuit et des 24 heures ont été recueillis ainsi que les écarts types et les coefficients de variation. La régression de Cox, ajustée pour les facteurs de risque et les PA moyennes, a été utilisée pour examiner les associations entre la variabilité de la PA et la survenue des complications microvasculaires (rétinopathie, microalbuminurie, détérioration de la fonction rénale, neuropathie périphérique) et macrovasculaires (événements cardiovasculaires : MACE) ainsi que la mortalité toutes causes confondues.
Au cours du suivi, 186 patients ont présenté un événement cardiovasculaire (150 s’inscrivaient dans le MACE) et 237 patients sont décédés dont 107 de maladies cardiovasculaires. Une rétinopathie ou une neuropathie se sont installées ou se sont aggravées chez respectivement 155 et 170 patients. Le composite rénal (installation d’une microalbuminurie ou dégradation de la fonction rénale) a été observé chez 200 personnes. La variabilité de la PA en période diurne est l’élément le plus prédicteur des événements cardiovasculaires. Le hazard ratio va de 1,27 (IC95%: 1,09-1,48) pour la mortalité toutes causes confondues à 1,55 (IC95%: 1,29-1,85) pour le MACE. En revanche, aucun paramètre de la variabilité de la PA n'a prédit une quelconque implication dans les complications microangiopathiques.
Dans ce travail, la variabilité de la PA à court terme en période diurne prédit le développement futur des complications macrovasculaires ainsi que de la mortalité et améliore la détermination du risque cardiovasculaire chez les patients diabétiques.
La variabilité de la PA est une composante insuffisamment connue de la PA qui intervient de façon très probable dans le retentissement sur les organes cibles. Les différentes méthodes d’exploration permettent d’apprécier la variabilité à court, moyen et long terme mais la MAPA est la technique la plus souvent employée. Si le bénéfice du traitement de l’HTA ne fait aucun doute, que les personnes soient diabétiques ou non, les preuves scientifiques manquent encore pour attester de l’efficacité des médicaments antihypertenseurs sur la normalisation de la variabilité de la PA et sur ses conséquences.
Publié par Diabétologie Pratique