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Cardiologie générale

Publié le 18 jan 2011Lecture 3 min

AHA - Les points forts

E. FERRARI, CHU Nice

On pourrait se dire qu’avec 3 grands congrès annuels et la multiplication d’autres, guère moins prestigieux, les « nouveautés » qui peuvent bouleverser notre pratique quotidienne et aider à une meilleure prise en charge de nos patients, vont devenir de plus en plus rares.

Ce congrès de l’AHA qui s’est déroulé à Chicago du 13 au 17 Novembre aura fait mentir ces idées pessimistes. A fortiori, tous les cardiologues peuvent y trouver leur compte. Les « thrombologues » et rythmologues trouveront dans l’étude Rocket AF, le 3e essai qui teste un anti-thrombotique per os dans la FA non valvulaire -cette fois-ci à risque élevé- la confirmation que, bientôt, ils n’auront plus à se casser la tête avec la gestion difficile des AVK. Dans cette étude, il est clair que le rivaroxaban (déjà commercialisé en prévention de la TVP-EP en chirurgie orthopédique sous le nom de Xarelto®) vient entériner les très bons résultats d’autres anti-thrombotiques per os en démontrant sa non-infériorité par rapport aux AVK. La simplicité d’utilisation (une seule prise par jour) et le moindre risque hémorragique devraient réussir à convaincre les derniers nostalgiques des AVK. Les rythmologues et « insuffisants cardiologues » trouveront dans l’essai RAFT qui testait la resynchronisation chez des patients insuffisants cardiaques (FE < 30 %) avec QRS larges fonctionnellement peu gênés (stade II), la justification pour légitimer l’augmentation des resynchronisations que leur chef de pôle, leur directeur d’hôpitaux ou la tutelle pourraient leur demander. Les thrombologues coronarographistes seront certainement déconcertés par l’étude GRAVITAS. Cette étude qui montre que, dans une population de coronariens à risque modéré ou faible, doubler la dose du clopidogrel chez les « résistants » identifiés par le Verify Now, n’apporterait rien, a effectivement de quoi déranger. Elle vient remettre en cause tant l’outil utilisé pour mesurer l’effet anti-plaquettaire (qui pourtant avait été estimé par certains comme le moins mauvais) que certains bénéfices du clopidogrel. Elle doit faire réfléchir sur l’utilisation d’outils non validés et aussi sur des attitudes tout empiriques. D’autres études en cours devraient nous dire si cette augmentation empirique de doses, sans recontrôle de son efficacité est à l’origine de cet échec du clopidogrel. Les hypertensiologues devront « s’acoquiner » avec les rythmologues pour apprendre à utiliser les sondes de radiofréquence ayant servi, dans l’étude SIMPLICITY, à la dénervation sympathique rénale par voie endocavitaire de patients hypertendus sévères non contrôlés. Au prix semble-t-il, d’une procédure douloureuse pour le patient mais relativement simple, on a réussi avec cette méthode à diminuer la systolique de 32 mmHg et la diastolique de 12 mmHg. Cette étude pilote mériterait une confirmation avant que l’on ne « cautérise » les reins de tous les hypertendus. Les cardio-néphrologues mais aussi les interventionnels qui injectent de l’iode dans les coronaires et le ventricule gauche et qui n’ont jamais utilisé l’acétylcystéine pour prévenir l’insuffisance rénale induite par les produits de contraste, pourront se gargariser d’avoir résisté à une « mode ». L’étude brésilienne ACT leur donne raison et rappelle aux autres qu’il n’est pas toujours pertinent d’appliquer trop vite des procédés thérapeutiques qui n’ont pas fait la preuve de leur utilité. Les rythmologues pourront aussi se dire que certains médicaments sont portés trop vite au pinacle et que leur chute n’en est que plus dure. Les OMEGA-3  auxquels on accordait, il y a peu, toutes les vertus, n’ont pas été capables dans l’étude P-OM3 de démontrer une quelconque efficacité pour prévenir la FA. Les cardiologues qui collaborent avec les neurologues et qui liront CLOSURE seront fixés sur l’inutilité, voire la dangerosité de la fermeture des FOP (système STARFlex®) après un AVC. Là encore, la raison dictait aux plus sensés d’attendre les résultats des études randomisées avant d’indiquer cette technique sans en connaître la réelle efficacité. Enfin, les « insuffisants cardiologues » qui avaient déjà reçu un beau cadeau à l’ESC avec l’étude SHIFT, ne pourront plus dire que leur spécialité stagne. En donnant de l’eplérénone aux patients insuffisants cardiaques peu symptomatiques comme dans l’étude EMPHASIS, le bénéfice attendu sera très important : 40 % de diminution des taux d’hospitalisation et décès, sur une étude -fait rare dans l’insuffisance cardiaque- qui aura été arrêtée prématurément pour bénéfice incontestable. Lorsque nous vous disions que cette session de l’AHA était riche…

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