Publié le 01 nov 2005Lecture 3 min
Effets des acides gras polyinsaturés en pathologie cardiovasculaire
M. JOBBÉ DUVAL, Neuilly-sur-Seine
ESC
L’apport des acides gras oméga-3 reste une donnée thérapeutique non négligeable dans la prévention et le traitement des pathologies cardiovasculaires mais aussi dans d’autres domaines, grâce à une multiplication des études ou des enquêtes d’observation concernant ces molécules. Il s’agit de l’acide eicosapentanoïque (EPA) et de l’acide decosaexanoïque (DHA) qui ont démontré dernièrement leur action inattendue sur les troubles du rythme cardiaque.
Les données épidémiologiques
S.-J. Connolly (Canada) a rappelé les études épidémiologiques démontrant que l’apport d’oméga-3 entraîne une diminution de la mortalité coronarienne chez les populations nordiques, grandes consommatrices de ces acides gras par l’intermédiaire d’une nourriture riche en poissons marins. Ainsi, l’US Physician Health Study a montré que le risque de mort subite est considérablement diminué chez les patients consommant du poisson plus de 5 fois par semaine, comparativement à une population qui n’en consomme qu’une seule fois par mois.
En outre, une autre étude, Diet and Reinfarction trial, montre que l’utilisation d’oméga-3 s’accompagne d’un risque moindre de fibrillation auriculaire ou d’AVC.
Dans cette étude, on évaluait trois interventions diététiques :
– les oméga-3,
– l’ingestion de fibres
– l’utilisation d’acides gras insaturés.
Après deux ans de suivi, on observe une réduction de la mortalité dans le groupe oméga-3.
De même, l’étude GISSI Prevention a évalué les apports en oméga-3 et vitamine E sur 11 000 patients ayant fait un infarctus du myocarde. On note une nette diminution du critère primaire composite associant les décès, les infarctus et les AVC non mortels. En seconde analyse, il apparaît que l’effet le plus significatif porte sur la diminution des morts subites.
Ce résultat rejoint ceux d’autres études démontrant une action significative des acides gras sur la survenue des troubles du rythme ventriculaire graves postinfarctus.
Il semblerait en effet que les oméga-3 permettent de ralentir la fréquence cardiaque de base sur des modèles animaux susceptibles de troubles du rythme ventriculaires. De même, ils augmenteraient le seuil d’induction de TV ou de FV après occlusion coronaire chez le chien. Une étude est actuellement en cours chez l’homme chez des patients porteurs de défibrillateurs implantables et susceptibles de TV ou de FV.
L’orateur en conclut qu’il existe des données concordantes, aussi bien épidémiologiques que cliniques, démontrant le bénéfice d’1 g/j d’oméga-3 sur la réduction du risque de mortalité cardiovasculaire, dont le mécanisme le plus important serait son rôle anti-arythmique.
Un effet antidépresseur ?
Un autre domaine de recherche a été la diminution significative des cas de dépression chez les patients ayant une cardiopathie ischémique en phase aiguë. En effet, N. Frasure-Smith (Canada) a montré que 12 à 20 % des patients hospitalisés pour une intervention chirurgicale cardiaque ou un syndrome coronarien aigu présentent un syndrome dépressif majeur, trois fois plus fréquent que dans la population générale.
Les recherches menées sur cette association dépression-maladie cardiovasculaire ont permis de montrer que la dépression double le risque d’accident coronarien à égalité de facteurs de risque ou de score myocardique mesuré par la fraction d’éjection. De nombreuses études longitudinales ont ainsi montré que la dépression précède souvent de plusieurs années la manifestation de l’atteinte coronaire. Il semble qu’entrent en jeu des modifications de la régulation du système nerveux autonome, de la fonction endothéliale ou une augmentation de l’adhésion plaquettaire ainsi qu’une diminution du niveau d’acides gras polyinsaturés.
Omacor® est une capsule d’oméga-3 contenant 380 mg de DHA et 460 mg d’EPA ayant une indication, selon les pays, dans la prévention secondaire postinfarctus et les hypertriglycéridémies. Les études menées dans la dépression, dont plusieurs sont en cours, associée ou non à une pathologie coronarienne patente, sont des axes de recherche intéressants sur le rôle des acides gras polyinsaturés alimentaires sur la qualité de vie de nos patients.
D'après un symposium des laboratoires Solvay Pharma au Congrès de l’European Society of Cardiology (ESC), Stockholm 2005.
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :
Articles sur le même thème
publicité
publicité