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HTA

Publié le 15 nov 2005Lecture 5 min

Quel hypertendu peut faire du sport ?

P. DUMOULIN, Courbevoie

La prise en charge de l’hypertension artérielle (HTA) doit aujourd’hui tenir compte de l’extension considérable de la pratique sportive en France.
Le praticien est donc amené à devoir répondre aux questions que ne manqueront pas de lui poser les hypertendus sportifs :
• Quelle est l’influence des différentes activités physiques sur le niveau que peuvent atteindre les chiffres tensionnels ?
• Existe-t-il des sports contre-indiqués ?
• Y a-t-il au contraire des pratiques recommandées ?
• Comment effectuer un choix correct parmi les médicaments anti-hypertenseurs afin de ne pas altérer le niveau de performance ?

Quelle est l’influence des différentes activités physiques sur le niveau que peuvent atteindre les chiffres tensionnels ?   Exercices à prédominance dynamique L’effort détermine une majoration du débit cardiaque (DC), un abaissement des résistances artérielles périphériques totales (RPT) et, résultante des deux précédents facteurs, une élévation modérée de la pression artérielle (PA). L’augmentation du DC est proportionnelle à l’intensité de la puissance fournie et résulte de l’augmentation conjointe du volume d’éjection systolique (VES) et de la fréquence cardiaque (FC). Les RPT : l’ensemble de l’arbre artériel subit l’action vasoconstrictrice du système nerveux sympathique (SNS), activé à l’effort, avec augmentation des résistances dans les territoires corporels « non impliqués » dans l’exercice (surtout les zones splanchniques et rénales). Néanmoins, les masses musculaires responsables de l’exercice en cours sont le siège d’une vasodilatation (malgré l’effet du SNS) liée à la production locale des métabolites tels que l’acide lactique. La résultante habituelle est une baisse des RPT. La PA, produit du DC et des RPT [PA = DC x RPT], s’élève à l’effort dynamique. Cette élévation, proportionnelle à l’intensité de l’exercice, reste modérée (de l’ordre de 50 % pour la PAS à l’effort maximal) quand on la compare à l’élévation considérable du facteur DC (de l’ordre de 500 à 600 %). La pente d’élévation de la PAS, proportionnelle à la FC (relation linéaire), augmente avec l’âge, est supérieure chez l’homme et pour les efforts des membres supérieurs. La pente d’élévation de la PAD est très faible (voire négative chez le sujet entraîné).   Exercices à prédominance statique Le travail isométrique détermine une élévation de PA beaucoup plus grande, à fréquence cardiaque égale, que celle d’un exercice dynamique (cela en réponse à des contractions soutenues dès qu’elles dépassent 15 % de la force maximale volontaire (FMV) du segment musculaire en cause). L’élévation de PA est indépendante de la masse musculaire en jeu (des chiffres tensionnels très élevés peuvent être atteints pour des exercices apparemment « anodins ». Elle n’est proportionnelle qu’au pourcentage de FMV. Elle est progressive avec la durée de la contraction musculaire. Enfin, la pente d’élévation de la PAD est parallèle à celle de la PAS et les deux pentes sont plus importantes chez l’hypertendu que chez le normotendu.   Les critères tensionnels d’arrêt d’un test à l’effort Autrement dit : qu’est-ce qu’une élévation anormale des chiffres tensionnels au cours d’un exercice physique, au moins d’un effort dynamique en respiration libre, sans blocage de type Valsalva ? Selon les recommandations de la Société française de cardiologie publiées en janvier 1997 à propos des épreuves d’effort chez l’adulte : une pression artérielle systolique > 260 mmHg doit conduire à l’arrêt de l’examen ; test d’effort qu’il paraît ainsi licite de conseiller dans le cadre d’un bilan présportif chez un hypertendu.   Conséquences de la pratique sportive régulière sur la PA   Pourquoi conseiller et encourager le sport chez les hypertendus ? Un effet antihypertenseur de l’exercice physique a été suggéré à la suite d’observations épidémiologiques comparant les niveaux tensionnels de populations physiquement actives ou non. Plusieurs études d’interventions longitudinales ont été menées dans le monde depuis une quarantaine d’années dont les résultats sont majoritairement favorables. Une métaanalyse (Kelley, 1994) apporte des arguments en faveur d’une action favorable de l’exercice physique chez les hypertendus à partir de travaux publiés de 1966 à 1992. Les exercices pratiqués sont à type de marche, de course à pied, de cyclisme ; l’abaissement de PA est minime mais significatif : 7 mmHg pour la PAS et 6 mmHg pour la PAD. Les études d’intervention thérapeutique disponibles confirment une baisse de PA minime (en moyenne 5 mmHg pour la PAS et la PAD) et qui n’intéresse que les PA diurnes. Une métaanalyse (Cornelissen) de 71 essais randomisés, incluant 1 877 sujets, a été présentée à l’ESC (European Society of Cardiology) 2005 et paraît démontrer de façon définitive une diminution de la PA liée à l’exercice physique régulier, plus prononcée chez les hypertendus (- 6,9/- 4,9 mmHg ) que chez les normotendus (-2/ -1,6 mmHg). Pour mémoire, l’OMS conseille le recours systématique dans l’HTA légère à des mesures hygiéno-diététiques, dont l’exercice physique.   Les traitements antihypertenseurs du sportif (tableau) Recommandations pour la pratique des différentes activités sportives. 26e Conférence de Bethesda 1994 : – HTA stades 1 et 2 (ancienne classification), sans atteinte d’organe cible : pas de restriction. – HTA stade 3 : restriction pour les sports III A, B, C (voir la classification de Mitchell modifiée par l’ESC) et ce, jusqu’à obtention d’un contrôle satisfaisant de l’HTA mesurée au repos et en l’absence d’atteinte d’organe cible. En pratique   L’hypertension artérielle (HTA) ne représente pas une contre- indication à la pratique sportive quelle qu’elle soit, sauf dans de rares cas d’HTA à chiffres très élevés au repos et/ou à l’effort, non traitées ou non contrôlées, et d’HTA compliquées d’atteinte des organes cibles, essentiellement une cardiopathie, posant le problème d’une contre-indication directement liée à la cardiopathie ainsi constituée (hypertrophique, coronaire ou rythmique) qui doit faire l’objet d’un bilan adapté préalable. À l’opposé, la quasi-totalité des hypertendus devraient être encouragés à avoir une activité physique régulière, au moins de l’endurance d’entretien, quelles qu’en soient les modalités, et devraient le plus souvent pouvoir continuer ou débuter une pratique sportive (incluant la participation à des compétitions), choisie selon le goût de chacun. Les sports d’endurance ou à composante dynamique prédominante sont certainement les mieux venus ; cela dit, toute autre spécialité peut être autorisée, y compris celles à composante statique dominante (musculation par exemple), même de forte intensité, sous réserve d’un contrôle thérapeutique effectif de l’HTA, du dépistage d’une cardiopathie associée et du conseil d’éviter absolument les efforts extrêmes à glotte fermée.

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