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Vasculaire

Publié le 12 avr 2011Lecture 3 min

Que peut apporter la CO2-thérapie naturelle percutanée chez l’artériopathe au stade II ?

R. FABRY, P. MONNET et J.-R. LUSSON, CHRU Clermont-Ferrand

La prise en charge médicamenteuse de l’artériopathie des membres inférieurs (AMI) selon les recommandations HAS est essentiellement basée sur le pronostic lié à la diffusion athéromateuse aux territoires coronaires et supra-aortiques avec une prescription d’antiagrégants plaquettaires, statines et IEC. Toutefois, le retentissement de la pathologie sur la qualité de vie du claudicant, souvent important, mérite d’être pris en compte et si possible amélioré. C’est ce que montre un essai randomisé en double insu mené à Royat, carbothérapie naturelle versus placebo. L’application percutanée de 18 jours de dioxyde de carbone augmente immédiatement de 66 % les distances de marche de l’artériopathe, cet effet étant corrélé à l’augmentation de la pO2 tissulaire. Les résultats, une meilleure adaptation à la marche de ces patients, se maintiennent à 3 mois et 1 an de suivi.

Patients Soixante-deux patients, 57 hommes et 5 femmes, d’âge moyen 60 ± 9 ans, avec une ancienneté de l’AMI de 6 ± 4 ans ont été sélectionnés sur la base du volontariat après avoir été informé sur le déroulement de l’essai et donné leur consentement éclairé, selon les recommandations TASC utilisées lors de l’évaluation des médicaments vasoactifs. Les distances totales de marche mesurées lors des deux premiers tests de marche sur tapis roulant (test 1 : 204 ± 89 mètres, test 2 : 201 ± 86) ainsi que les valeurs pressionnelles humérale et de cheville (index de pression systolique (IPS) au repos : test 1 : 0,69 ± 0,14 et test 2 : 0,69 ± 0,15) confirment le stade II. Les patients ont été randomisés en deux groupes : le premier reçoit 18 jours de CO2 naturel (n = 30), le second (n = 32), 18 jours de placebo (air). Traitement Les fluides gazeux sont appliqués à pression atmosphérique et température constante (30 ± 1°C) sur peau préalablement humidifiée par un bain d’eau d’adduction à température thermo-indifférente (34-35°C) pendant 18 jours consécutifs, durée habituelle de la cure hydrominérale. Les effets du traitement actif sont évalués par la distance totale de marche (critère principal) et par les modifications hémodynamiques mesurées lors de l’épreuve de Strandness. Sont aussi mesurés les paramètres microcirculatoires périphériques: la pression partielle tissulaire en O2 par voie transcutanée (TcpO2) et l’état vasomoteur par Laser Doppler Flow. Un questionnaire de qualité de vie (CLAU-S) est également renseigné avant et après traitement. Résultats Tous les patients inclus dans l’étude ont suivi l’application du traitement et l’évaluation à trois mois, seuls cinq patients n’ont pas eu le bilan à 1 an. Les patients n’ont en rien modifié leurs habitudes de vie, en termes de tabagisme et habitudes de marche notamment tout au long du suivi. Aucun effet secondaire n’a été observé lors de l’application locale de CO2. Le test de Strandness montre dans le groupe traité, après 18 jours de CO2-thérapie, une augmentation significative de la distance totale de marche (figure). Cette augmentation est identique quelle que soit la valeur de marche initiale (inférieure à 150 mètres, comprise entre 151 et 350, ou supérieure à 350 mètres), (tableau). La distance de première gêne suit la même augmentation (+ 81 mètres soit 73 % ; p = 0,02). Ce bénéfice est conservé à 3 mois et à 1 an. Dans le même temps de suivi, l’index de pression systolique cheville/humérale (IPS) calculé 1 minute après l’arrêt de la marche, augmente de 37 % (p = 0,001); le temps de récupération de l’IPS diminue significativement de 38 %. Les paramètres microcirculatoires montrent une augmentation de la pression systolique du gros orteil de 8,2 mmHg, (+ 13 % ; p < 0,0001), de la pO2 basale de 9 mm Hg, (+ 20 % ; p = 0,01) et de la vasomotion (1,6 cpm soit + 78 % ; p = 0,001) dans le groupe traité. Les variations des distances de marche sont corrélées à l’augmentation après traitement des IPS et de l’oxygénation cutanée périphérique. L’échelle de qualité de vie confirme ces données, l’item du questionnaire, «se déplacer en ville, sans l’aide de personne» est significativement différent à 3 mois (p = 0,006) avec une intensité douloureuse moyenne diminuée de 16 mm (de 57 ± 22 mm à 41 ± 20 ; - 28% ; p = 0,05) après traitement dans le groupe CO2-thérapie. Aucune évolution significative n’est mesurée dans le groupe placebo.   Figure. Évaluation de la distance totale de marche (mètres). La distance de marche à l’inclusion est la moyenne des deux tests réalisés pour chaque patient avant randomisation. Dans le groupe traité, p = 0,001 avant/après traitement à chaque temps de mesure ; dans le groupe placebo, p = NS.

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