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Publié le 10 déc 2021Lecture 2 min
Insuffisance cardiaque : décompensation et infection
Pr Damien LOGEART, Hôpital Lariboisière (Paris)
L’insuffisance cardiaque est responsable ou co-responsable d’environ 150 000 hospitalisations non planifiées en France, avec une hausse croissante au cours des dernières années. Malheureusement, il a été bien démontré que chaque hospitalisation pour décompensation cardiaque s’accompagne d’un taux de décès autour de 10 % au cours des 30 premiers jours.
Pour les survivants à un épisode de décompensation, le risque de décès à un an est d’environ 25 % contre 10 % chez des patients stables sans décompensation récente. Il y a donc une augmentation du risque résiduel après décompensation. Dans ce risque résiduel, il y a également un risque accru de réadmission pour décompensation. Ce risque de réadmission non planifiée dans l’année est autour de 75 à 80 % (contre moins de 50 % chez des patients stables) et environ 30 % de ces réadmissions sont liées directement à l’insuffisance cardiaque, c’est-à-dire environ 25 % de ces patients ayant décompensé seront réadmis pour nouvelle décompensation cardiaque dans l’année qui suit. Cet excès de risque prédomine dans les 3 premiers mois qui suivent la sortie.
Il est habituellement considéré qu’environ 1/3 de ces réadmissions précoces seraient « évitables », sous-entendant qu’une meilleure prise en charge aurait pu les éviter. Cette donnée reste difficile à documenter mais correspond assez bien à la réalité ressentie par les praticiens qui s’occupent de ces patients : erreurs de prescriptions à la sortie, persistance d’une congestion ou à l’inverse hypovolémie à la sortie, défaut de compréhension, défaut d’éducation, déstabilisation de comorbidités, etc. On comprend donc les efforts actuellement entrepris par les médecins et les organismes de santé pour essayer d’encadrer au mieux les patients dans les semaines/mois qui suivent une décompensation : consultations répétées précocement à la sortie, meilleure coordination hôpital-ville, télésurveillance, visites d’infirmières à domicile, système PRADO, implication des pharmacies… Par exemple, ceci a donné lieu aux États-Unis à un système de pénalités ou primes pour les hôpitaux en fonction du taux observé de réadmission précoces de leurs patients insuffisants cardiaques, avec pour objectif d’encourager la mise en place de telles mesures. Le résultat de ces mesures reste difficile à évaluer scientifiquement avec parfois quelques résultats contradictoires alors même que le « bon sens » semble pleinement justifier ces mesures. Il semble néanmoins que pour être efficace, ces mesures devraient être proposées selon un éventail large et individualisées en fonction du profil clinique des patients plus qu’en fonction du contexte médico-économique du moment.
Parmi les nombreuses causes de décompensation, les plus fréquentes sont les infections, les arythmies supraventriculaires et les défauts d’observance médicamenteuse ou des règles diététiques. Dans la littérature, le taux d’infection à l’admission des décompensations cardiaques est entre 15 et 25 %. Parmi ces infections, les infections respiratoires occupent la première place, qu’elles soient d’origine infectieuse ou virale. Il apparaît donc primordial de prévenir au mieux ce risque chez tout insuffisant cardiaque. Cette prévention inclut la vaccination contre le pneumocoque, contre la grippe et bien sûr actuellement la vaccination contre la Covid selon les schémas régulièrement actualisés.
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