Publié le 21 déc 2020Lecture 4 min
CardioMEMS™ : le dispositif qui peut révolutionner la télésurveillance de l’insuffisant cardiaque !
Pascal DE GROOTE1, Didier KLUG2, 1. CHU Lille, service de cardiologie ; Inserm U1167, Institut Pasteur de Lille, F-59000 Lille 2. CHU Lille, service de cardiologie ; Université de Lille
Le dispositif CardioMEMS™ est un système de gestion à distance des patients insuffisants cardiaques (NYHA III et 1 hospitalisation pour décompensation cardiaque dans l’année), grâce au monitoring de la pression artérielle pulmonaire (PAP).
Matériel
Dispositif
Le dispositif CardioMEMS™ est un système de gestion à distance des patients insuffisants cardiaques (NYHA III et 1 hospitalisation pour décompensation cardiaque dans l’année), grâce au monitoring de la pression artérielle pulmonaire (PAP). Il comporte un capteur de PAP implanté dans une des branches de l’artère pulmonaire (AP), un transmetteur externe appelé « oreiller » (figure 1 A) et le site de télécardiologie Merlin.net. Ce capteur n’utilise pas de batterie et s’active lorsqu’il est soumis à un champ de radiofréquences émis par le transmetteur. Il ne permet pas une mesure continue de la pression pulmonaire, mais une mesure ponctuelle, réalisée par le patient quotidiennement, dans les mêmes conditions d’activité (généralement le matin au réveil).
Figure 1 A. Le dispositif CardioMEMS™.
Implantation
Elle consiste d’abord à sélectionner la bonne branche de l’AP gauche avec une Swan-Ganz®. Après les mesures classiques de pressions et de débit cardiaque, l’opacification de l’AP (figure 1 B) permet de sélectionner la branche la plus appropriée (diamètre ≥ à 7 mm et direction). Une fois bien positionné, le CardioMEMS™ est largué dans la branche ciblée, puis calibré aux données hémodynamiques. Le patient peut se lever quelques heures après l’implantation avec au minimum une bi-antiagrégation plaquettaire pendant un mois puis de l’aspirine à vie, ou la poursuite de son traitement antithrombotique habituel.
Figure 1 B. Opacification et mesures de la branche de l’artère pulmonaire gauche permettant de sélectionner le site de largage du CardioMEMS™.
Il repart avec son transmetteur qui va activer le CardioMEMS™ lorsqu’il s’allonge dessus. La mesure des pressions prend quelques secondes et est envoyée sur un serveur sécurisé, Merlin.net, qui peut être consulté par l’équipe médicale. L’évolution des pressions pulmonaires permettra d’ajuster au mieux la thérapeutique du patient. Les études ont montré que l’élévation de la PAP apparaissait plusieurs jours, voire semaines, avant la prise de poids et l’apparition des symptômes de décompensation cardiaque.
Études
Étude princeps : étude CHAMPION
Le CardioMEMS™ a été évalué en ouvert dans l’étude CHAMPION chez 550 patients(1). Les patients ont été randomisés soit dans le groupe prise en charge habituelle (n = 280), soit le groupe avec CardioMEMS™ (n = 270). L’objectif principal était la réduction du nombre d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque (HIC) dans les six mois suivant l’implantation du dispositif.
Aucune défaillance technique n’a été signalée, avec très peu de complications (< 3 %) liées au dispositif. L’objectif principal est atteint avec une réduction de 28 % des HIC (p < 0,0002) (figure 2 A), du nombre de jours d’hospitalisation (- 1,6 jour), des coûts de prise en charge et une amélioration de la qualité de vie. Les résultats sont similaires, quelle que soit la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG). Ainsi, chez 219 patients avec une FEVG > 40 %, le dispositif est associé à une diminution de 70 % des HIC (p < 0,0001)(2) et de 26,4 % chez les patients avec une FEVG altérée (p = 0,001) (figure 2 B et C).
Figure 2 . Courbes actuarielles d’événements : A. Diminution significative des hospitalisations pour insuffisance cardiaque dans l’étude CHAMPION. B et C. Diminution significative des hospitalisations pour insuffisance cardiaque chez les patients avec une FEVG > 40 % ou une FEVG ≤ 40 % de l’étude CHAMPION.
Ces résultats se maintiennent à moyen terme, avec une diminution du risque d’HIC de 48 % lors d’une phase ouverte de 13 mois (HR = 0,52 [0,40-0,69], p < 0,0001).
Études non randomisées
Une étude cas-contrôle a été réalisée chez des patients pris en charge par MEDICARE aux États-Unis. Les auteurs ont comparé 1 087 patients avec le dispositif à autant de contrôles « matchés » sur des caractéristiques cliniques et thérapeutiques. Les 2 populations ont un taux identique d’HIC dans l’année qui précède l’implantation. En revanche, après l’implantation, le taux d’HIC est réduit de 24 % (p < 0,001), avec une diminution significative de 30 % de la mortalité (p < 0,001).
Plusieurs études observationnelles sont en cours afin de confirmer la faisabilité de cette prise en charge et l’innocuité du système. L’une d’entre elles (MEMS-HF), réalisée en Allemagne, aux Pays-Bas et en Irlande, a montré chez 239 patients une diminution de 62 % des HIC (p < 0,001). Le recrutement de l’étude française s’est terminé depuis juillet 2020, avec 103 patients porteurs du CardioMEMS™. Les résultats sur les 50 premières implantations sont encourageants, avec une réduction de 49 % des HIC à 6 mois et une absence de complications liées au dispositif.
En conclusion, le CardioMEMS™ est un dispositif simple à mettre en place, permettant d’adapter au mieux la thérapeutique de nos patients sur l’évolution des PAP. C’est un dispositif de télémédecine innovant et particulièrement efficace qui a démontré une réduction significative de 28 % des HIC quelle que soit la FEVG.
Cas cliniques
Cas clinique 1
Patiente de 83 ans suivie pour une insuffisance cardiaque à FEVG préservée responsable de 6 décompensations dans l’année précédant l’implantation du CardioMEMS™. Après une nouvelle décompensation cardiaque, la majoration successive des doses de diurétiques a permis de baisser et de stabiliser les pressions pulmonaires et d’éviter de nouvelles hospitalisations.
Cas clinique 2
Patient de 57 ans suivi pour une cardiopathie ischémique avec une FEVG à 30 %. Adaptation progressive de la thérapeutique permettant une baisse progressive et significative des pressions pulmonaires.
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