Publié le 01 déc 2021Lecture 4 min
Heart Rhythm Society 2021 - 2e Partie
Elisa MARTINEZ et coll.*, Marseille
La première partie de notre sélection des points forts de la Heart Rhythm Society 2021 est parue dans Rythmologies 41 d’octobre dernier. Voici la suite de ce compte rendu.
PAUSE-SCD
R. Tung (Chicago, États-Unis)
PAUSE-SCD (Pan-Asia United States PrEvention of Sudden Cardiac Death Catheter Ablation Trial) est une étude asiatique qui s’est intéressée au rôle de l’ablation en tant que traitement précoce et préventif chez des patients recevant un défibrillateur (DAI). De façon originale, elle a inclus des patients avec cardiopathie non ischémique, à forte prévalence en Asie.
Il s’agit d’une étude contrôlée randomisée et prospective menée dans 11 centres en Chine, Japon, Corée et Taïwan, en collaboration avec l’université de Chicago ; 121 patients ont été inclus, avec fraction d’éjection < 50 % et/ou tachycardie ventriculaire (TV) monomorphe documentée et ayant une indication de DAI.
Ils ont été randomisés en deux groupes : DAI + ablation et DAI + traitement médicamenteux. Le critère de jugement associait récidive de TV, hospitalisation cardiovasculaire et décès.
Sur un suivi de 6 ans (médiane 31 mois), l’ablation de première intention réduit de 42 % le critère principal, survenu chez 45 % des patients avec ablation contre 59 % si traitement médical (HR : 0,58 ; IC 95 % : 0,35-0,96 ; p = 0,036), avec 8 % de complications de l’ablation. Dans un registre de patients non implantés de DAI, les résultats sont comparables au groupe DAI + ablation, sans différence significative de mortalité. Ces résultats soulignent le rôle de l’ablation, même sans DAI, ce qui pourrait être attractif pour des patients sélectionnés dans certains pays où le coût du dispositif est prohibitif.
Ablation de tachycardie ventriculaire
Sécurité d’emploi et efficacité d’un anticoagulant direct versus un antiagrégant plaquettaire, en prévention des événements neurologiques vasculaires
D. Lakkireddy (Kansas City, États-Unis)
Les accidents vasculaires cérébraux ischémiques (AVCi), accidents ischémiques transitoires (AIT) et emboles infracliniques (EIC)) compliquent 0,8 à 1,8 % des procédures nécessitant un abord des cavités gauches. La majorité des données étant extrapolées de l’ablation de fibrillation atriale, peu concernent les événements neurovasculaires (ENV) survenant après une ablation de tachycardie ventriculaire (TV) ou d’extrasystoles ventriculaires (ESV).
L’équipe de Lakkireddy a réalisé la première étude randomisée prospective multicentrique de supériorité (STROKE-VT) comparant un anticoagulant oral direct (AOD) à une antiagrégation plaquettaire (AAP) dans la prévention des événements neurologiques vasculaires (ENV) au décours d’une ablation de TV ou d’ESV en radiofréquence dans le ventricule gauche, quel que soit le type de cardiopathie. Il s’agissait d’une étude ouverte, le traitement AOD ou AAP étant débuté dans les 3 heures suivant la procédure, pour 1 mois. Tous les patients bénéficiaient d’une IRM cérébrale dans les 24 h postprocédure puis à 30 jours.
Le critère de jugement associait la survenue d’un AVCi, d’un AIT ou d’un EIC détecté à l’IRM. Le critère secondaire était la survenue d’une complication en lien avec la procédure. L’analyse était réalisée en intention de traiter avec un suivi d’1 mois chez 246 patients (60 ans ; 82,5 % d‘hommes). Dans le groupe AOD (n = 123), les patients ont reçu du dabigatran (n = 14), du rivaroxaban (n = 40), et de l’apixaban (n = 69). Soixante pour cent des procédures étaient réalisées par voie transseptale et 40 % par voie rétroaortique. Dans le groupe AAP, les patients présentaient plus d’AIT (18 % vs 4,9 % ; p < 0,001), d’AVCi (6,5 % vs 0 % ; p < 0,001) et d’EIC à 24 heures (23 % vs 12 % ; p = 0,03). À 30 jours, les événements asymptomatiques étaient plus fréquents sous AAP (18 % vs 6,5 % ; p = 0,006). Le taux de complications en lien avec la procédure était le même, 12 % dans le groupe AOD versus 16 % dans le groupe AAP (p = 0,7). Il est probable que cette étude modifie les pratiques après ablation dans le ventricule gauche.
Comparaison d’une télémétrie ambulatoire (interprétée par IA) à un Holter ECG (interprété conventionnellement)
M. Willcox (Anchorage, États-Unis)
Un nombre croissant de dispositifs de surveillance électrocardiographique sont disponibles. L’objectif de ce travail était de comparer la valeur diagnostique d’une télémétrie ambulatoire avec analyse par intelligence artificielle (IA) à un Holter prolongé avec analyse humaine (IH).
Cinquante patients de consultation avec indication de monitoring prolongé ont été inclus prospectivement et ont porté simultanément les deux systèmes. Les rapports des deux techniques étaient analysés par deux rythmologues. Seuls les tracés fournis dans les rapports standards étaient pris en considération pour l’interprétation. Les arythmies considérées comme significatives étaient une fibrillation atriale ou un flutter de plus de 10 s, une tachycardie atriale de plus de 20 complexes, une tachycardie ventriculaire de plus de 3 complexes, un bloc atrioventriculaire (BAV) complet, un BAV Mobitz 1 ou 2, une dysfonction sinusale avec bradycardie < 30/min et > 30 s, une tachycardie par réentrée intranodale, une tachycardie par voie accessoire.
Sur les 50 patients, 46 (âge moyen 57,7 ± 15,8 ans ; 31 femmes) ont porté les deux systèmes pendant 10,3 ± 4,4 jours. L’IA a mis en évidence une arythmie significative chez 24 % des patients alors que l’IH en a identifié chez 50 % (p = 0,018). Les auteurs concluent à la nette supériorité de l’IH. Selon eux l’interprétation de référence des arythmies doit rester l’IH. Ces résultats mériteront confirmation, particulièrement si l’on tient compte de l’évolution rapide que connaît l’IA dans ce domaine.
*P. TAGHJI, J. BOYER, J.-C. DEHARO et B. MAILLE, Marseille
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