Rythmologie et rythmo interventionnelle
Publié le 01 avr 2018Lecture 4 min
À partir de quand parle-t-on de FA ?
Pascal DEFAYE, Unité de rythmologie et stimulation cardiaque, CHU de Grenoble-Alpes
Les tableaux cliniques de la fibrillation atriale (FA) sont extrêmement variés : de la FA symptomatique à la FA silencieuse, voire souvent l’association des deux chez un même patient et de la FA paroxystique à la FA persistante ou permanente au fur et à mesure des années. Pourtant, à partir de quelle durée parle-t-on de FA ? S’agit-il de sommation d’épisodes très courts entrecoupés de rythme sinusal ?
S’agit-il de la même définition que cela soit à partir d’un ECG de surface, d’un Holter externe, d’un enregistreur de longue durée ou d’une prothèse implantable type stimulateur ou défibrillateur ?
Nous allons répondre à ces questions.
À partir de quelle durée ?
La FA est la plus fréquente des arythmies supraventriculaires. Elle est caractérisée par une activité rapide et irrégulière de l’oreillette sans visualisation des ondes P. La FA peut être diagnostiquée aussi bien sur un ECG de surface que par l’enregistrement intracardiaque de l’électrogramme atrial sur les stimulateurs et défibrillateurs. Elle peut également être diagnostiquée par un enregistreur implantable de longue durée (Implantable Loop Recorder (ILR) type Medtronic Reveal® ou Abbott/St Jude Medical Confirm®).
Par définition(1), il s’agit d’une arythmie qui dure assez longtemps pour pouvoir être enregistrée sur un ECG de surface 12 dérivations selon les caractéristiques décrites ci-dessus. Par association, on considère pour parler de FA que cette arythmie doit durer au moins 30 secondes et c’est seulement dans ce cas qu’on peut parler d’épisode de FA. Ce type d’enregistrement peut être réalisée par une « bande » ECG type Holter, scope ou tracé endocavitaire mémoire d’une prothèse implantable.
Cette durée de 30 secondes est basée sur plusieurs consensus publiés depuis 2007(2).
Elle est également utilisée pour définir les récidives de FA après traitement par ablation. En parallèle à cette durée de 30 secondes nécessaire, un certain nombre de prérequis sont nécessaires :
– ce diagnostic de FA nécessite au moins un ECG ou un lambeau d’enregistrement affirmant la FA ;
– les intervalles RR doivent être irréguliers en l’absence de bloc-auriculo-ventriculaire ;
– on ne doit pas enregistrer d’ondes P individualisées sur l’ECG de surface au sein de cet épisode ;
– le cycle atrial est généralement mesurable, il doit être plus court que 200 ms. Dans le cas contraire, il s’agit plutôt d’un flutter atrial ;
– la classification de la FA a été adoptée en 2014(3). Elle a été précisée très récemment.
Définitions de la fibrillation atriale
Épisode de FA
Un épisode de FA est défini par l’enregistrement d’un ECG, par un électrogramme mémorisé par un stimulateur ou un défibrillateur, ou un enregistreur implantable de durée supérieure à 30 secondes et présent tout le long du tracé électrocardiographique 12 dérivations, si moins de 30 secondes. La survenue d’épisodes de FA nécessite qu’un rythme sinusal soit documenté par enregistrement électrocardiographique entre les épisodes de FA.
FA chronique
Ce terme ne devrait plus être utilisé. Il a des définitions trop variables qui ne correspondent plus à rien à l’ère de l’ablation.
FA persistante de courte durée (Early persistent AF)
Il s’agit d’une FA de plus de 7 jours mais de moins de 3 mois. Il s’agit d’un terme nouveau qui concerne des patients qui vont parfaitement bénéficier des traitements par ablation de la FA par rapport aux FA de plus de 3 mois où les résultats sont moins bons.
FA isolée (lone AF) ou FA idiopathique
Cette définition doit être abandonnée, elle est perturbante et ne doit plus être utilisée pour décrire des patients présentant une FA et qui ont, ou vont, bénéficier d’un traitement par ablation. Elle a longtemps concerné des patients jeunes présentant de la FA sans anomalies cliniques ou échocardiographiques en faveur d’une pathologie sous-jacente.
FA persistante de longue durée (long standing persistent AF)
Elle est définie par une FA continue de plus de 12 mois. Cette définition est utilisée pour les FA très prolongées chez qui on décide d’un contrôle de rythme notamment par ablation.
FA paroxystique
Il s’agit d’une FA qui se termine spontanément ou par intervention thérapeutique mais qui a une durée de moins de 7 jours.
FA permanente
Il s’agit d’une FA qui est acceptée par le patient et par le médecin et pour laquelle on décide définitivement de s’abstenir de restituer ou de maintenir un rythme sinusal. Le terme FA permanente représente une attitude thérapeutique plus qu’une entité physiopathologique particulière. Ce terme FA permanente ne doit jamais être utilisé dans le contexte de contrôle du rythme par traitement antiarythmique ou par ablation de la FA. Cette attitude thérapeutique peut changer au fil du temps et, à ce moment-là, doit être renommée ou redésignée comme paroxystique, persistante ou persistante de longue durée.
FA persistante
Il s’agit d’une FA soutenue de plus de 7 jours.
FA silencieuse
Elle est définie par une FA asymptomatique diagnostiquée par la réalisation d’un ECG systématique (détection « opportuniste ») ou par une bande de tracé ECG pouvant provenir des fonctions mémoires d’une prothèse implantable. Aussi bien les FA paroxystiques, persistantes ou persistantes de longue durée peuvent être silencieuses.
Avec le développement de ces fonctions mémoires des stimulateurs cardiaques, défibrillateurs ou autres enregistreurs implantables de longue durée, il est nécessaire de spécifier la durée des épisodes de FA avant de proposer une procédure d’ablation en utilisant parfois quand cela est disponible la charge de FA, c’est-à-dire le temps passé en FA par jour.
Avant une procédure d’ablation, on doit toujours noter si le patient a récidivé auparavant sous antiarythmique, ou s’il a déjà bénéficié de cardioversions électriques ou antérieurement d’ablation par cathéter ou par voie chirurgicale.
En pratique
Le diagnostic de FA est réalisé à partir d’une durée de 30 secondes continue d’enregistrement d’une bande ECG qui peut être externe Holter ou endocavitaire type mémoire d’une prothèse implantable (stimulateur, défibrillateur ou moniteur implantable).
Par assimilation, on considère simplement qu’un tracé ECG 12 dérivations en FA suffit en termes de durée pour affirmer le diagnostic.
En faire le diagnostic ne suffit pas, il faudra toujours spécifier le type de FA : paroxystique, persistante ou permanente car cela est en rapport avec l’attitude et le traitement proposé.
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :