Congrès et symposiums
Publié le 15 oct 2019Lecture 4 min
La mesure de la PA à l’heure des dispositifs portables
Plus personne ne conteste la nécessité de contrôler la pression ar térielle, facteur de risque cardiovasculaire majeur. Pourtant, le dépistage et la prise en charge de l’hypertension artérielle sont en défaut ; un pourcentage très important des personnes ne connaissent même pas leurs chiffres de pression artérielle : 53 % des personnes ne se savaient pas hyper tendues et 13 % seulement étaient contrôlées dans l’étude PURE en 2013. Une étude internationale de dépistage de l’HTA réalisée en 2018 dans 89 pays, ciblant 1,5 million d’individus, a montré que 1 8,4 % des sujets non traités étaient hyper tendus et 40,4 % des sujets hypertendus traités n’étaient pas contrôlés (May Measurement Month 2018). L’automesure tensionnelle, déjà reconnue comme un outil majeur dans la prise en charge de l’HTA, évolue grâce aux appareils portables.
La mesure clinique de la pression artérielle (PA) au cabinet du médecin ne suffit pas pour évaluer et prendre en charge l’hypertension. Non seulement, elle n’identifie ni l’hypertension blouse blanche, ni l’hypertension masquée, mais les mesures réalisées par le médecin ne sont pas parfaitement reproductibles. D’où l’intérêt de l’automesure de la PA qui évite ces écueils, et peut être répétée autant de fois que nécessaire pour évaluer la variabilité tensionnelle. En outre, elle responsabilise le patient. D’ailleurs plusieurs études ont montré une amélioration du contrôle tensionnel chez les patients utilisant l’automesure.
L’automesure se modernise grâce à des appareils d’automesure portables au poignet, à l’instar d’un bracelet-montre. Deux appareils de ce type ont été certifiés ANSI/AAMI/ISO81060-2:2013 : les sphygmomanomètres Heart Guide® (HEM-6440T-ZM et HEM-6410T-Z, Omron). Ces appareils devraient faciliter l’automesure à tout moment du nycthémère et dans toutes les circonstances, notamment en période nocturne, lors de déplacements et à l’exercice.
Quelles performances pour les moniteurs portables ?
Les deux appareils Omron mesurent automatiquement la PA par une méthode oscillométrique. Ils sont capables de mémoriser 100 mesures et se connectent en bluetooth 4.2. Les suffixes ZM et ZL se réfèrent à la taille du bracelet, respectivement de 16-19 cm et 18-21,5 cm. L’appareil mesure la PA systolique et diastolique ainsi que le pouls pendant l’inflation du bracelet qui se déclenche automatiquement.
Ces appareils ont été validés par deux études incluant chacune 85 sujets volontaires. Le bracelet était positionné à hauteur du coeur pendant les mesures. Ces deux études ont conclu que les deux appareils souscrivaient aux critères 1 et 2 des recommandations ANSI/AAMI/ISO (différence de -0,9 mmHg et 2,4 mmHg dans les mesures de PAS pour les deux tailles de bracelet respectivement). La comparaison des mesures simultanées par l’appareil au poignet versus méthode standard montre une bonne concordance, les écarts étant liés à une mauvaise position de l’appareil au poignet. Globalement, on peut considérer que la valeur absolue de la PA mesurée au bracelet est aussi précise que la PA mesurée au bras.
Ce type d’appareil portable devrait permettre de détecter les hypertensions masquées dont le pronostic en termes de risque cardiovasculaire est proche de celui de l’hypertension soutenue et plus médiocre que celui de l’hypertension blouse blanche. On distingue trois types d’hypertension masquée, selon le moment de survenue durant le nycthémère : le matin, durant la journée et durant le sommeil. La mesure standard au brassard est généralement réalisée au repos dans la matinée ou en soirée, si bien qu’elle sous-estime la fréquence des pics d’hypertension en dehors de ces horaires. Il en est de même de la mesure automatique au cabinet médical, d’où l’intérêt d’une mesure pouvant être réalisée à tout moment de la journée, ce qui permet en outre au patient de déceler les circonstances à risque et les facteurs déclenchants (tabac, alcool, troubles du sommeil, etc.).
Évaluer les répercussions des troubles du sommeil
La durée moyenne de sommeil est de 7 à 8 heures par nuit mais les écarts autour de la moyenne sont importants et concernent près du quart de la population. Les courtes durées de sommeil sont associées à une augmentation du risque de maladies métaboliques (obésité, diabète) et cardiovasculaires (hypertension, accidents cardiaques, AVC) et de mortalité dans les études épidémiologiques.
La PA systolique et diastolique est corrélée à la durée du sommeil de nuit. Ainsi, une étude expérimentale a montré qu’une extension de la durée du sommeil s’accompagne d’une diminution significative de la PAS et PAD. En revanche, la sieste prolongée (≥ 1 heure) a été associée à une augmentation du risque de diabète, de maladie respiratoire et de décès prématuré (étude EPIC-Norfolk). Ces siestes prolongées répondent probablement dans nos sociétés au besoin de pallier le manque de sommeil nocturne. La durée de sommeil est le plus souvent raccourcie par un endormissement tardif, l’heure du réveil étant contrainte par les obligations professionnelles ou scolaires. Peut-on dormir n’importe quand ? Le sommeil est une nécessité universelle et non une constante biologique. Il est important de dormir suffisamment longtemps en respectant le rythme circadien.
L’un des troubles du sommeil les plus répandus est le syndrome d’apnées obstructives du sommeil, qui s’accompagne de cycles récurrents de désaturation en oxygène responsable notamment d’une stimulation du système sympathique (augmentation de la PA nocturne) et de troubles métaboliques (intolérance au glucose, insulinorésistance). La présence et la sévérité du SAOS sont étroitement corrélées avec l’HTA et l’espérance de vie.
Les nouveaux dispositifs portables sont capables de mesurer en continu de façon synchrone et intégrée la durée et la qualité du sommeil, les phases de sommeil profond, la pression artérielle et la fréquence cardiaque. Ils permettront de déterminer les mécanismes qui lient les perturbations du sommeil aux maladies chroniques, en particulier l’hypertension artérielle, sa sévérité et la résistance au traitement. Ils permettront aussi de comprendre les effets indépendants des perturbations du rythme circadien et de tester des programmes d’extension de la durée du sommeil.
D’après un symposium Omron avec la participation de B. Williams, A. Schutte, K. Kario et F. Capuccio
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