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Diabéto-Cardio

Publié le 11 fév 2020Lecture 3 min

Bénéfices cardiovasculaires de l’arrêt du tabac dans le diabète de type 2 : impact de la prise de poids ?

Patrice DARMON, Marseille

Chez les patients diabétiques de type 2, le sevrage tabagique est une priorité pour prévenir le risque de survenue d’événements cardiovasculaires et de décès prématuré. L’arrêt du tabac s’accompagne toutefois généralement d’une prise de poids dont l’impact sur les bénéfices du sevrage n’est pas clairement établi.

Pour mieux préciser les choses, Liu et coll. ont analysé les données de deux vastes cohortes prospectives américaines incluant des professionnels de santé (Nurses' Health Study, n = 121 700 et Health Professionals Follow-Up Study, n = 51 529). Les auteurs ont identifié des sujets présentant un diabète de type 2 connu lors de l’inclusion dans l’étude ou découvert au cours du suivi (avant 2014), et qui, au moment du diagnostic de diabète, étaient indemnes de maladies cardiovasculaires, de bronchite chronique obstructive et de cancer, en excluant les anciens fumeurs. Des informations médicales étaient obtenues tous les deux ans à l’aide de questionnaires validés. Ils ont pu ainsi déterminer l’incidence des événements cardiovasculaires majeurs (coronaropathie fatale ou non, accident vasculaire cérébral fatal ou non) et des décès chez respectivement 10 809 et 9 688 patients, et comparer ces incidences chez les patients fumeurs (« current smokers »), ceux qui ont arrêté de fumer depuis 2 à 6 années (« recent quitters ») et ceux qui ont arrêté de fumer depuis au moins 6 ans (« long-term quitters »). Les auteurs ont ensuite analysé l’impact de l’évolution pondérale dans la période de 6 années suivant le sevrage tabagique (en moyenne +3,2 kg) sur le risque d’événements cardiovasculaires et de décès. Au cours du suivi, 2 580 événements cardiovasculaires majeurs ont été recensés. En analyse multivariée incluant l’ancienneté du diabète, l’IMC, le mode de vie ou les traitements, les « recent quitters » ont un risque d’événement cardiovasculaire plus faible que les « current smokers » (HR ajusté 0,83 [IC95% 0,70-0,99]). Cette association persiste chez les patients qui n’ont pas pris de poids 2 à 6 ans après l’arrêt du tabac (HR ajusté 0,77 [IC95% 0,62-0,95]) mais n’est plus significative en cas de prise de poids (+0,1 à 5 kg : HR ajusté 0,99 [IC95% 0,70-1,41] ; > 5 kg : HR ajusté 0,89 [IC95% 0,65-1,23]). Par ailleurs, les « long-term quitters » ont eux aussi un risque d’événement cardiovasculaire plus faible que les « current smokers » (HR ajusté 0,72 [IC95% 0,61-0,84]), et ce bénéfice est significatif pour la coronaropathie (HR ajusté 0,78 [IC95% 0,66-0,94]) comme pour les accidents vasculaires cérébraux (HR ajusté 0,51 [IC95% 0,36-0,73]). Durant le suivi, 3 827 décès sont survenus. Afin de limiter les biais d’interprétation, les auteurs se sont surtout intéressés aux « long-term quitters ». En analyse multivariée, ces patients ont un risque de mortalité totale plus faible que les « current smokers » quelle que soit l’évolution de leur poids 2 à 6 ans après le sevrage (absence de prise de poids : HR ajusté 0,69 [IC95% 0,58-0,82] ; 0,1 à 5 kg : HR ajusté 0,57 [IC95% 0,45-0,71] ; > 5 kg : HR ajusté 0,51 [IC95% 0,42-0,62]). Ce bénéfice concerne à la fois la mortalité cardiovasculaire et la mortalité par cancer. Même s’il faut rester prudent du fait de ses limites méthodologiques (autoquestionnaires, recueil de données à deux ans d’intervalle, absence d’ajustement sur le contrôle glycémique, population très homogène sur le plan sociologique et très majoritairement caucasienne…), cette étude confirme les bénéfices de l’arrêt du tabac chez les patients diabétiques de type 2, et illustre surtout l’impact de l’évolution pondérale dans les 2 à 6 ans suivant le sevrage : si une prise de poids estompe le bénéfice de l’arrêt du tabac sur l’incidence des événements cardiovasculaires (ce qui justifie d’accompagner ces patients sur le plan diététique pendant cette période souvent difficile), il n’en est rien pour le risque de décès qui reste toujours plus faible chez les patients ayant arrêté de fumer depuis au moins 6 ans par rapport aux fumeurs actifs. Publié par Diabétologie Pratique

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