L’incidence des démences vasculaires est majorée chez les patients diabétiques en fonction de leur équilibre glycémique

Cette étude avait pour objectif de préciser ce dernier point tout en évaluant l’influence de la qualité de l’équilibre glycémique en se fondant sur le registre national suédois du diabète. Ainsi, les données de 378 299 patients diabétiques de type 2 ont été comparées à celles de 1 886 022 sujets témoins appariés pour l'âge (64 ± 12 ans), le sexe (54,8 % de femmes) ainsi que le comté et sélectionnés au hasard dans le registre suédois de la population globale. Les critères de jugement reposaient sur l'incidence de la maladie d'Alzheimer, des démences vasculaires et non vasculaires en se basant sur les codes CIM-10 qui sont utilisés en Suède. Cette association entre le diabète de type 2 et les démences a été stratifiée selon le niveau de l’HbA1c en utilisant la régression de Cox. Au cours du suivi d’une durée médiane de 6,8 ans, une démence s'est développée chez 11 508 patients diabétiques de type 2 (3 %) et chez 52 244 sujets témoins (2,7 %). L'association la plus significative a été observée pour les démences vasculaires, puisque les patients diabétiques de type 2 avaient un risque relatif majoré de 34 % par rapport à la population témoin (HR = 1,34 ; IC95% : 1,28 à 1,41). Le lien avec les démences non vasculaires était moins net (HR = 1,10 ; IC95% : 1,07 à 1,13) et l’incidence de la maladie d'Alzheimer était moindre que chez les sujets témoins (HR = 0,94.; IC95% : 0,90 à 0,99). Ainsi contrairement à d’autres études, le risque de maladie d'Alzheimer était plus bas chez les patients vivant avec un diabète de type 2. Dans cette enquête, ce fait pourrait s'expliquer par un risque concurrent, puisque les personnes présentant un diabète de type 2 sont décédées plus tôt que les témoins, réduisant ainsi leur risque de développer la maladie d'Alzheimer. Les résultats de cette étude fournissent également les preuves qu’un mauvais contrôle glycémique est associé à un risque élevé de démences vasculaires et non vasculaires. Ainsi, les patients diabétiques présentant des taux d’HbA1c supérieurs à 53 mmol/mol (7 %) avaient un risque plus élevé de démence vasculaire et non vasculaire avec une augmentation linéaire respectivement de 1,3 % et de 0,9 % par mmol/mol d'HbA1c. En définitive, l'association la plus significative entre le diabète et les démences vasculaires était observée chez les patients dont l’HbA1c était supérieure 87 mmol/mol (10,1 %) avec un risque majoré de 93 % par rapport aux personnes diabétiques dont l’HbA1c était inférieure à 53 mmol/mol (7 %) (HR = 1,93 ; IC95% : 1,54 à 2,43). En revanche, aucun lien n’a été observé entre l’équilibre glycémique et la maladie d'Alzheimer. Comme cela a déjà été démontré dans des travaux précédents, l'association du diabète de type 2 avec les démences diffère selon leur nature. Le lien le plus fort était observé dans cette enquête pour les démences d’origine vasculaire, tout particulièrement chez les patients diabétiques dont le contrôle glycémique était très imparfait. Ces observations constituent un argument de plus pour ne pas négliger la qualité de l’équilibre glycémique notamment chez les personnes âgées comme cela a été souligné dans la dernière prise de position de la SFD. Publié par Diabétologie Pratique