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Diabéto-Cardio

Publié le 25 oct 2022Lecture 2 min

Pronostic à long terme après un infarctus du myocarde chez les patients vivant avec un diabète de type 1

Patrice DARMON, Marseille

Le diabète de type 1 (DT1) expose à un sur-risque majeur de maladies cardiovasculaires, en particulier d’infarctus du myocarde (IDM), à l’origine d’un taux élevé de mortalité prématurée. Il est largement démontré que le pronostic des IDM survenant chez les patients présentant un diabète de type 2 est particulièrement défavorable (augmentation du risque de mortalité, de récidive d’IDM et de survenue d’une insuffisance cardiaque) mais les données concernant le devenir des patients DT1 après un IDM sont peu nombreuses. Après avoir montré que les patients DT1 étaient exposés à un risque accru de mortalité à 30 jours et à 1 an après un IDM en comparaison à des patients non diabétiques mais aux caractéristiques cliniques similaires, l’équipe de A.M. Kerola s’est attachée cette fois à évaluer le pronostic à long terme de ces patients.

Cette étude rétrospective finlandaise réalisée à partir des données de différents registres nationaux a inclus des patients hospitalisés pour un premier IDM entre janvier 2005 et juin 2018 et ayant survécu au moins 3 mois après cet IDM (1 508 patients DT1 et 62 798 patients non diabétiques ; n = 62 785). En moyenne, les patients DT1 étaient plus jeunes (61,2 vs 68,7 ans), plus souvent de sexe féminin (40,2 vs 36,6 %) et avaient plus de comorbidités cardiovasculaires et rénales que leurs homologues non diabétiques ; ils se présentaient également plus souvent avec un IDM sans élévation du segment ST (69,8 vs 60,0 %), et bénéficiaient moins souvent d’un geste de revascularisation (58,4 % vs 62,7 %) mais plus souvent d’un pontage coronarien (11,1 vs 7,3 %). Ces différences de caractéristiques à l’inclusion ont conduit les auteurs à utiliser un score de propension pour pouvoir comparer au final 1 401 « paires » de patients. Le suivi médian est de 3,9 ans, avec une durée maximale de 12 ans. Dans la cohorte des patients "appariés", l’incidence cumulée du MACE-4 points (IDM, AVC ischémique, hospitalisation pour insuffisance cardiaque, décès d’origine cardiovasculaire) est de 22,8 % à 1 an, de 49,0 % à 5 ans et 67,6 % à 12 ans parmi les patients DT1 vs respectivement 12,2 %, 29,8 % et 46,0 % parmi les patients non diabétiques (p < 0,0001 à chaque fois). À 12 ans, le risque de MACE-4 points est quasiment multiplié par 2 dans le groupe de patients DT1 (HR 1,94 [IC95% 1,74-2,17], p < 0,0001). Des résultats très similaires sont retrouvés pour les décès d’origine cardiovasculaire (à 12 ans : 40,1 % vs 27,1 % ; HR 1,81 [IC95% 1,56-2,09], p < 0,0001), les récidives d’IDM (à 12 ans : 36,8 % vs 19,9 % ; HR 1,91 [IC95% 1,64-2,23], p < 0,0001), les AVC ischémiques (à 12 ans : 13,5 % vs 10,6 % ; HR 1,50 [IC95% 1,21-1,87], p = 0,0003) et les hospitalisations pour insuffisance cardiaque (à 12 ans : 25,4 % vs 16,1 % ; HR 1,98 [IC95% 1,67-2,35], p < 0,0001). Le sur-risque de MACE-4 points est retrouvé dans tous les sous-groupes étudiés (femmes vs hommes, âge < ou ≥ 60 ans, revascularisation ou non, présence ou non d’une fibrillation atriale, d’une insuffisance cardiaque ou d’un cancer à l’inclusion). On notera que ces résultats sont retrouvés alors que les patients DT1 sont un peu plus souvent traités par IEC/ARA2 et antiagrégants que leurs homologues non diabétiques (respectivement 72,0 % vs 66,2 %, p = 0,001 et 69,4 % vs 64,9 %, p = 0,008) alors que le recours aux bêtabloquants et aux statines est comparable (autour de 8 patients sur 10). Il s’agit de la première étude démontrant que les patients DT1 sont exposés à un risque accru de morbi-mortalité cardiovasculaire plusieurs années après un IDM par rapport à des patients non diabétiques. Ces résultats soulignent, s’il en était besoin, l’importance de renforcer la prise en charge de l’ensemble des facteurs de risque traditionnels en situation de prévention secondaire chez les patients DT1, qui au contraire des patients DT2, ne peuvent pas (ou plus) bénéficier de la cardioprotection conférée par les agonistes des récepteurs du GLP-1 ou les inhibiteurs de SGLT2. Publié par Diabétologie Pratique

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