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Prévention et protection

Publié le 04 sep 2007Lecture 5 min

L'exercice musculaire du cœur âgé : possible et souhaitable !

F. CARRÉ, hôpital Pontchaillou-Université Rennes 1, Rennes


Le Printemps de la cardiologie
Vieillir est notre avenir. Le vieillissement est un processus inéluctable qui, s’il apporte parfois la sagesse, s’accompagne toujours d’une baisse des « performances « de la plupart des organes. Si ces « outrages » de l’âge peuvent être plus ou moins bien dissimulés au repos, l’exercice musculaire les met impitoyablement en lumière.

Effets du vieillissement sur le myocarde et les vaisseaux Le vieillissement, par ses effets primaire et secondaire (maladie et mode de vie), altère progressivement le système cardiovasculaire. En résumé, au niveau du myocarde, le nombre de cardiomyocytes diminue. Ils sont remplacés par de la fibrose. De plus, les cellules contractiles restantes ont une fonction altérée avec une transitoire calcique ralentie (recaptage calcique plus long) et une désensibilisation des récepteurs adrénergiques membranaires. Au niveau vasculaire, et en particulier aortique, l’augmentation du diamètre et des phénomènes de réflexion augmentent l’impédance. La pression artérielle (PA), surtout systolique, donc la postcharge et la pression pulsée, en augmentant majorent le travail cardiaque. Ainsi, on observe une hypertrophie myocardique avec allongement des temps de contraction et de relaxation, augmentation du remplissage télédiastolique (contraction atriale) et baisse des réserves chronotrope et vasodilatatrice. La courbe débit/volume diastolique ventriculaire gauche est déplacée vers la gauche et le haut, alors que la courbe pression/volume télésystolique est conservée. Cette adaptation, malgré un coût énergétique plus élevé, permet de maintenir un débit cardiaque de repos adapté.   À l’exercice À l’exercice, en particulier dynamique, les altérations du système cardiovasculaire âgé (tableau) imposent aussi des adaptations spécifiques. La baisse inéluctable de la consommation maximale d’oxygène (VO2 max) est le critère le plus classique, illustrant la baisse de la performance physique avec l’âge. La diminution de la VO2 max (0,5-1 ml/min/kg/an en moyenne) est de 10 % par tranche de 10 ans. Les causes de cette diminution de la VO2 max sont mixtes, centrales et périphériques. Au niveau central Une diminution du débit cardiaque maximal de 5 à 22 % en 10 ans est décrite. Elle est principalement due à la baisse de la fréquence cardiaque maximale (FC max). De nombreuses formules ont été proposées pour décrire la baisse de la FC max avec l’âge. Il faut surtout retenir qu’il existe de grandes variations interindividuelles (figure 1). Cette limitation de la FC max, parfois présentée comme un facteur de protection pour ce myocarde limité, est multifactorielle mais la baisse de la réponse des bêtarécepteurs à la stimulation adrénergique joue un grand rôle. Lors d’un effort dynamique la cinétique d’évolution du volume d’éjection systolique (VES) du sujet âgé est superposable à celle du plus jeune avec cependant une valeur absolue un peu diminuée (figure 2). Cependant, les adaptations respectives des deux composantes du VES sont différentes. Chez le sujet âgé, une augmentation du volume télédiastolique, favorisée par la FC moins élevée et la majoration de la pression atriale, compense la baisse de l’inotropisme caractérisée par un volume télésystolique plus élevé que chez le sujet jeune. Globalement, la fraction d’éjection augmente moins avec l’exercice. Lors d’un exercice dynamique, les résistances périphériques diminuent moins chez la personne âgée, la PA systolique augmente plus et comme la PA diastolique varie peu, la pression pulsée est majorée. Les pressions artérielles pulmonaires augmentent nettement après 50 ans. L’« hypertension » systémique, systolique mais aussi diastolique, est encore plus marquée lors d’un exercice statique prolongé réalisé avec un pourcentage important de la force maximale volontaire. Figure 1. Évolution de la fréquence cardiaque maximale (FC max) mesurée à l’effort dynamique en fonction de l’âge chez des adultes sains. Noter (flèche) la grande variation individuelle. Figure 2. Schéma comparant l’évolution du volume d’éjection systolique (VES) lors d’un exercice dynamique progressivement maximal chez deux sujets sains, jeune et âgé, sédentaires. Au niveau périphérique Le vieillissement s’accompagne d’une sarcopénie avec baisse de la masse maigre et augmentation de la masse grasse. En valeurs absolues, le rapport fibres musculaires/vaisseaux, le débit sanguin et la capacité oxydative cellulaire sont diminués. Cependant, en valeur relative, la différence artérioveineuse est peu altérée. Les altérations périphériques sont nettement majorées par la sédentarité qui augmente avec l’avancée en âge.   Effets de l’exercice physique régulier La pratique régulière d’un entraînement physique est donc indispensable pour freiner les « outrages » de l’âge. Ainsi, au repos, une baisse de la FC est observée et un meilleur remplissage ventriculaire gauche, avec augmentation du rapport E/A au Doppler par diminution de la participation atriale, est décrit. À l’effort, la majoration relative de la VO2 max induite par un entraînement intense (+ 15-20 % en moyenne en 6 mois) est indépendante de l’âge. À entraînement égal, cependant, la VO2 max en valeur absolue reste toujours inférieure chez le sujet âgé. Cela s’explique surtout par une FC max plus basse. Les adaptations périphériques sont superposables. Dans ce cadre, il faut souligner que les adaptations tensionnelles « marquées » décrites lors de l’exercice statique ne doivent pas contre-indiquer systématiquement la pratique de la musculation chez le sujet âgé. En effet, une musculation dynamique sollicitant les divers groupes musculaires et réalisée avec des charges légères, un nombre modéré de répétitions et une bonne technique, mouvement complet sans interruption ni blocage de la respiration, ne présentent pas de risque important. Ses bénéfices sur la masse musculaire, donc sur les adaptations périphériques, sont majeurs et importantes pour la vie courante.   En pratique   Le vieillissement s’accompagne d’une altération des fonctions cardiovasculaires qui modifie les adaptations à l’exercice. Ces modifications, qui sont nettes surtout après 45-50 ans, sont multifactorielles, la sédentarité ayant un rôle aggravant, direct et indirect par le surpoids qui l’accompagne, et majeur. À l’exercice, le cœur âgé s’adapte comme un cœur jeune sous bêtabloquants, mais les altérations périphériques ont un rôle aussi important sur la baisse des performances physiques. Un entraînement régulier, quel que soit le moment de sa mise en œuvre, améliore les fonctions cardiovasculaires surtout au repos et les adaptations périphériques à l’effort. Ainsi, la pratique régulière d’une activité physique régulière et adaptée doit toujours être fortement encouragée chez la personne âgée. L’auteur n’a pas déclaré de conflit d’intérêt.

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