J. BLACHER, Hôtel-Dieu, AP-HP, Paris
Ce que nous savons aujourd’hui concernant l’hypertension artérielle masquée :
Cette situation est loin d’être exceptionnelle ; dans certaines études, ce sont 10 à 15 % des populations qui en sont atteintes.
L’HTA masquée est associée à l’atteinte des organes cibles, à niveau équivalent à l’HTA permanente. Cette relation concerne à la fois l’atteinte cardiovasculaire (masse du ventricule gauche, épaisseur intima-média carotidienne) et l’atteinte rénale (microalbuminurie).
Chez les hypertendus traités, le niveau de risque cardiovasculaire est plus étroitement associé au niveau de pression artérielle ambulatoire ou mesuré par automesure qu’au niveau de la pression artérielle mesurée au cabinet médical. En ce sens, l’hypertendu masqué devrait bénéficier d’une intensification de son traitement anti-hypertenseur.
Quelques études menées sur le long et le très long terme ont clairement montré que les patients porteurs d’une hypertension masquée étaient plus à même de développer une hypertension artérielle permanente soutenue que les patients strictement normotendus.
Ce sur-risque de devenir hypertendu permanent est similaire à celui présenté par les patients ayant une réaction d’alarme.
Enfin, plusieurs études de suivi ont confirmé que l’HTA masquée expose les individus en étant atteints de complications cardiovasculaires à type d’accident coronaire, d’accident vasculaire cérébral ou encore de décès de cause cardiovasculaire. Ce risque se situe entre le risque des hypertendus blouse blanche et le risque des hypertendus permanents.
Ce que nous ne savons pas encore concernant l’hypertension masquée :
Quel en est le rationnel physiopathologique (dysfonction du système nerveux autonome, apnées nocturnes, obésité, dysrégulation glucidique…) ?
Quelle est la meilleure méthode de détection (automesure versus MAPA) ?
Faut-il dépister l’hypertension artérielle masquée, ce qui signifie qu’il faudrait conseiller à toute la population de mesurer sa pression artérielle par automesure ? Au jour d’aujourd’hui, aucune étude n’en a évalué l’impact.
De même, aucune donnée n’incite à traiter les patients présentant une hypertension artérielle masquée. Il semble raisonnable, en 2009, de se limiter déjà au traitement optimal des « vrais hypertendus ».