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Paramédical

Publié le 15 juin 2017Lecture 6 min

France PCI : actualités pour les paramédicaux

Christophe LAURE, Chef de projet coordinateur, unité de recherche clinique de cardiologie, Hôpital Louis Pasteur - CH de Chartres

Durant ces 20 dernières années, la France a participé activement au développement de la cardiologie interventionnelle et reste un acteur majeur dans l’évolution de cette discipline. Néanmoins, nous sommes à ce jour l’un des derniers pays européens qui ne dispose pas d’un registre national permettant de décrire et de suivre les activités de coronarographie et d’angioplastie coronaire.

Il semble qu’enfin nous puissions aboutir très prochainement à la naissance d’un tel registre. Celui-ci permettrait de faire basculer notre spécialité dans une nouvelle ère, celle de l’autoévaluation et de l’amélioration des pratiques, qui auront à terme un impact non négligeable sur le pronostic de nos patients coronariens. Il est évident que les paramédicaux sont directement impliqués et contribueront activement à ce projet fédérateur afin d’en assurer la réussite et la pérennité. France-PCI : c’est quoi ? France PCI (Percutaneous Coronary Intervention) est un registre national de cardiologie interventionnelle qui a pour but de recenser à terme les activités de coronarographie et d’angioplastie sur l’ensemble du territoire francais. Sous l’impulsion des Drs P. Motreff, R. Koning, H. Benamer et G. Rangé, le GACI (Groupe athérome et cardiologie interventionnelle), groupe de la SFC (Société francaise de cardiologie), souhaite déployer le registre CRAC (Club régional des angioplasticiens de la région centre) pour devenir le registre national « France-PCI ». Le registre CRAC recense, de facon exhaustive, l’activité de cardiologie interventionnelle des 6 centres autorisés de la région Centre Val de Loire. Depuis 2016, Il s’est étendu au CHU de Clermont Ferrand (région Auvergne) démontrant ainsi sa capacité à être exporté facilement sur d’autres régions. Il s’inspire de l’expérience des autres registres régionaux (ARSIF, ACIRA, etc.) en ce qui concerne la liste des invariants et du modèle suédois SWEDEHEART pour la méthodologie. Ce dernier est une référence au niveau international et a démontré son impact non négligeable sur l’évaluation de nos pratiques ainsi que sur la production de travaux scientifiques (plus de 40 publications de haut rang par an en sont issues). France-PCI : une extension du registre CRAC Afin de permettre à ce projet national de voir le jour, il est important que l’ensemble de la communauté de cardiologie interventionnelle se fédère derrière son représentant légitime qu’est le GACI. Ainsi la promotion du registre sera transférée à terme du CRAC à la SFC. L’équipe projet France-PCI restera située au sein de l’Unité de recherche clinique du CH de Chartres qui est à l’origine du registre CRAC et assure la gestion au quotidien. Pour accompagner son développement, des négociations financières ont lieu depuis le printemps 2015 avec le ministère de la Santé et les Agences régionales de santé (ARS) respectives. Dans un premier temps, il a été décidé l’ouverture du registre CRAC dès cette année sur 3 autres régions (Auvergne-Rhône Alpes, Normandie et Bretagne) afin d’évaluer la faisabilité sur le plan national. Par la suite, le déploiement devrait se faire progressivement à la vitesse de 3 à 4 régions par an pour couvrir à terme, vers 2021, l’ensemble du territoire francais (figure 1). Chaque région devra au préalable fédérer l’ensemble des acteurs et des centres de cardiologie interventionnelle concernés autour de ce projet, définir un coordinateur médical régional et un référent par centre puis entamer des discussions avec son ARS. Figure 1. Planning prévisionnel de déploiement du registre France-PCI. En pratique Le registre CRAC est un registre moderne, entièrement électronique, composé d’un module intégré aux logiciels de comptes rendus de coronarographie, et d’un site on line sécurisé « e-CRAC » où sont importées quotidiennement les données. e-CRAC n’est pas une simple base de données mais un véritable site internet permettant à chaque utilisateur selon son profil de se connecter aux données de son centre. Divers rapports d’activité peuvent être générés automatiquement, offrant une comparaison régionale voire nationale en toute confidentialité (figure 2). Un outil de scoring est accessible afin d’évaluer son centre selon un score qualité défini et ainsi connaître ses résultats comparés aux résultats globaux de la communauté. Figure 2. Exemple de rapport automatisé e-CRAC. La base de données anonyme comprend jusqu’à 150 variables par procédure avec des données de suivi hospitalier et à 1 an pour toute angioplastie coronaire et des données préhospitalières pour les STEMI < 24 h (figure 3). Figure 3. Répartition des variables collectées dans le registre CRAC. Les données du registre sont intégrées au sein du logiciel de compte rendu d’examen (cardioreport, Hemolia, etc.) utilisé par les centres de cardiologie interventionnelle, afin d’éviter une double saisie et risquer de compromettre l’adhésion de tous. Les données procédurales sont complétées progressivement par le personnel de cath lab (infirmiers manipulateurs en radiologie et cardiologues interventionnels) tout au long de l’examen, de l’admission du patient à sa sortie de salle. La méthodologie et le financement prévoient la mise en place de temps dédié pour effectuer les suivis hospitaliers à partir des comptes rendus hospitaliers et les suivis à 1 an pour les patients ayant bénéficié d’une angioplastie coronaire, directement au sein de chaque centre participant. Un système de contrôle qualité prévoit le monitoring des données au niveau des régions par des attachés de recherche clinique ainsi qu’un audit sur le plan national par l’équipe projet (figure 4). Figure 4. Méthodologie du registre CRAC. Et pour les paramédicaux ? Le registre France-PCI repose sur l’intégration des données au sein même du logiciel de comptes rendus d’examen. De ce fait, les paramédicaux exercant dans les services de cardiologie interventionnelle sont directement concernés par la mise en place de ce registre. Effectivement, ils sont généralement amenés à compléter certaines données procédurales dans le logiciel sous la responsabilité du cardiologue comme cela est déjà le cas dans la plupart des centres à ce jour. La collecte des données est guidée et rendue obligatoire grâce à l’affichage automatique de fenêtres de rappel en cas de données manquantes ainsi qu’un tableau spécifique permettant la visualisation en temps réel de l’exhaustivité. Les suivis hospitaliers et les suivis à 1 an peuvent être réalisés par un personnel de recherche clinique (techniciens et attachés de recherche clinique) disposant de connaissances théoriques suffisantes en cardiologie interventionnelle mais aussi par les paramédicaux du service qui seraient intéressés. Dans ce sens, certains centres choisiront de faire réaliser ces suivis par les paramédicaux des services de cardiologie. Ces derniers représentent une ressource humaine opérationnelle de par leurs connaissances en cardiologie et par leurs qualités relationnelles. Il semble important d’apporter un suivi professionnel, adapté et personnalisé pour répondre aux questionnements des patients et d’assurer la continuité des soins qui ne se limite pas au registre. Dans ce cas, une formation aux bonnes pratiques cliniques sera nécessaire afin de garantir le respect de la réglementation dans ce domaine. L’implication des paramédicaux au sein de ce registre représente un moyen simple de participer à l’évaluation des pratiques de soins et de contribuer à l’amélioration de la prise en charge des patients coronariens. En termes de santé publique, cela aura un impact non négligeable sur le pronostic des patients, en permettant une évaluation continue et une comparaison de nos pratiques sur le plan national (ex : disparité régionale, radioprotection, etc.). France-PCI constituera une base de données importantes pour de futures réflexions et d’éventuels travaux de recherche, aussi bien accessibles au corps médical qu’aux paramédicaux. Conclusion Comme nous avons pu le constater à l’échelle régionale avec le registre CRAC, le registre France-PCI permettra de créer une réelle dynamique au sein de nos services, de fédérer les équipes autour d’un projet passionnant et utile à tous, et de proposer éventuellement de nouvelles perspectives pour les paramédicaux. Remerciements à : G. Range, S. Gautier, A. Formentin, C. Thobois, E.Tachot, C. Vassalière, A. Depuille, R. Hakim, H. Faltot.  

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