Faut-il avoir peur du compteur LINKY avec un stimulateur ou un défibrillateur cardiaque ?

Les choix technologiques qui paraissent nouveaux sont toujours de nature à interroger, voire inquiéter. De fait, certains médecins s’interrogent sur les conséquences possibles de ce nouvel élément dans l’environnement des personnes les plus fragiles, en particulier chez les porteurs d’un dispositif médical implantable actif tels les stimulateurs (SC) ou les défibrillateurs cardiaques (DAI). En témoignent des certificats médicaux de « contre-indications à la pose du compteur Linky » qui accompagnent parfois leur lettre de refus. Aussi paraît-il nécessaire devant l’importance du déploiement des compteurs qui concernera, à terme, tous les foyers de France, d’en expliquer le principe de fonctionnement et de rassurer quant aux conséquences vis-à-vis des implants cardiaques. Comment fonctionne le système Linky ? (figure 1) Le système Linky comprend trois maillons communiquant entre eux : - le compteur Linky est situé au domicile, à la place du compteur actuel. Comme ce dernier, il mesure la consommation d’électricité consommée. Ce n’est donc pas, par nature, un équipement radioélectrique. Il ne rayonne pas, mais comme tout appareil électrique, il émet un faible champ électrique et magnétique dans son environnement immédiat ; - un concentrateur à distance du domicile, dans les postes de transformation moyenne tension/basse tension du distributeur d’électricité Enedis ; - un outil de supervision connecté aux autres systèmes informatiques d’Enedis. Ces éléments communiquent ensemble par des liaisons sécurisées garantissant la sûreté des informations échangées. Comme dans d’autres pays voisins (Italie, Espagne, Finlande, Belgique, Luxembourg, etc.), elles utilisent la technique des Courants Porteurs en Ligne (CPL) sur le réseau électrique du domicile. Les CPL sont employés depuis plusieurs décennies par les distributeurs d’électricité puisqu’ils permettent à notre compteur bleu de passer du mode jour (tarif Heures Pleines) au mode nuit (tarif Heures Creuses) et vice versa (plus de 11 millions de foyers concernés). Ils connaissent aussi de nombreuses applications dans la vie courante en transmettant par exemple le signal entre l’interphone et la sonnette à l’intérieur du logement, ou celui d’un babyphone. Les CPL sont aussi utilisés dans les réseaux informatiques domestiques pour relier la « box » du fournisseur d’accès, au même titre que le wifi ou le câble ethernet, aux ordinateurs ou à la télévision. Les communications du système Linky sont gérées par le concentrateur situé à distance du domicile, qui émet périodiquement un signal de quelques millisecondes vers le compteur, lequel lui renvoie une brève impulsion pour confirmer qu’il est bien connecté. Une fois par nuit, il interroge le compteur qui lui renvoie les données de consommation de la journée. Tous ces échanges représentent au total un temps de transmission d’environ une minute par jour. Le concentrateur transmet ensuite ces données à l’outil de supervision Enedis via le réseau GPRS de téléphonie mobile. Figure 1. Chaîne de transmission du système Linky. Source UFE(1). Quels sont les niveaux de champs électromagnétiques émis par le système Linky ? Les champs électriques et magnétiques sont des sous-produits de l’électricité. Dès lors qu’un appareil est sous tension, il existe un champ électrique. Dès que du courant circule dans un fil électrique, dès lors que l’on allume une lampe par exemple, il y a émission de champ magnétique. Les mesures effectuées en laboratoire et en situation réelle montrent que le dispositif Linky, compteur et transmission CPL induit des champs comparables aux niveaux d’ambiance, infiniment plus faibles à 20 cm que la norme sanitaire d’exposition maximale admissible (tableau), champs qui deviennent indétectables à 50 cm. Ils sont de moindre intensité que ceux des compteurs bleus, ou d’autres installations électriques domestiques (figure 2), et pour le CPL pendant des temps très brefs. Figure 2. Champs électriques rencontrés dans la vie courante. Quid des implants cardiaques ? Les stimulateurs cardiaques et les défibrillateurs sont conçus pour ne pas être perturbés par l’environnement électromagnétique quotidien avec des systèmes de filtres et de détection des interférences. Ils ne sont sensibles qu’à des champs électromagnétiques très puissants comme ceux rencontrés dans les IRM, qui pourraient induire des signaux dans les sondes endocavitaires, bien que les derniers modèles soient maintenant IRM-compatibles(3). Dans la pire des situations de sensibilité maximale et de détection unipolaire, il faut expérimentalement des champs magnétiques entre 16 et 500 μTeslas ou un champ électrique de plus de 5 000 volts/m selon les appareils(4) pour les perturber, sans comparaison avec les niveaux plus de cent mille fois plus faibles concernés par Linky (tableau).   En pratique Le compteur Linky et son système de communication utilisent une technologie connue, déjà utilisée sur le compteur bleu de génération précédente, et dans d’autres applications courantes. Leur contribution à l'environnement électromagnétique n’est pas significative. Il n’y a pas lieu de craindre d’interférence entre le compteur Linky et le fonctionnement des dispositifs cardiaques implantables.