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Diabéto-Cardio

Publié le 22 déc 2020Lecture 3 min

La variabilité à long terme de la glycémie : est-elle au cœur du risque coronarien même chez les personnes exemptes de diabète ?

Louis MONNIER, Montpellier

Aujourd’hui il est bien établi que le risque cardiovasculaire est au moins 2 à 3 fois plus élevé chez les personnes diabétiques que chez celles qui n’ont aucune perturbation de la glycémie. Après avoir été longtemps ignorée, la variabilité glycémique, qu’elle soit à court ou à long terme, occupe une place de plus en plus importante comme marqueur de complications cardiovasculaires et même, pour certains, comme facteur de leur survenue. De plus, l’étude de la variabilité glycémique est restée pendant longtemps limitée aux patients diabétiques. Depuis peu l’association entre maladies cardiovasculaires et variabilité glycémique au moins à long terme fait l’objet d’études, y compris chez les personnes exemptes de diabète. La publication rapportée dans cette lettre s’inscrit dans le cadre de cette problématique.

L’étude a porté sur 2 256 sujets en bonne santé au départ du suivi, c’est-à-dire lorsqu’ils furent recrutés dans les années 1985-1986 alors qu’ils étaient âgés de 18 à 30 ans (recrutement dans 4 zones urbaines des États-Unis). Cette étude désignée par l’acronyme CARDIA (Coronary Artery Risk Development Study in Young Adults) a consisté à réaliser des examens biologiques (avec dosage de la glycémie à jeun) de manière régulière tous les 2 à 5 ans. Les résultats ont été analysés de manière synthétique à 15 ans (2000-2001), 20 ans (2005-2006) et 25 ans (2010-2011). De plus, le suivi a comporté la recherche de calcifications des artères coronaires (CAC) en utilisant la technique tomographique. Cette recherche a été effectuée à 15, 20 et 25 ans, c’est-à-dire lorsque ces sujets, jeunes au moment de l’inclusion, étaient entrés dans une tranche d’âge plus avancée : adultes d’âge moyen. La variabilité glycémique a été évaluée à partir du coefficient de variation (CV) de la moyenne glycémique calculée sur 3 mesures successives de la glycémie à jeun (fasting glucose). Cette variabilité exprimée en % a permis de séparer les sujets en quartiles : Q1 = 3,8 ± 1,3 % ; Q2 = 7,2 ± 0,9 % ; Q3 = 10,4 ± 1,1 % et Q4 = 21,9 ± 12,4 %. La progression des calcifications des artères coronaires (CAC) a été évaluée par un « score CAC » calculé de la manière suivante : Log [CAC (à la visite au temps t) + 1] – Log [CAC (à t0) + 1]. Les Log ont été utilisés pour normaliser la distribution des résultats de la progression du score CAC. Les résultats ont ensuite été ajustés sur les autres facteurs pouvant intervenir dans le développement des calcifications coronariennes. Pendant les 10 ans de suivi des années (2000-2001) aux années (2010-2011), la progression des lésions coronariennes a augmenté plus vite dans le quartile Q4 que dans les 3 autres quartiles (figure). De plus, la progression vers des lésions coronariennes a été plus forte chez ceux qui sont restés exempts de diabète par rapport à ceux qui sont devenus diabétiques. Cette observation paradoxale n’a pas reçu d’explication claire. Pour le reste, plusieurs mécanismes physiopathologiques sont évoqués par les auteurs de cet article pour expliquer l’association entre variabilité de la glycémie à jeun et progression vers des calcifications coronariennes. a) La variabilité glycémique entraine une activation du stress oxydatif au niveau des cellules endothéliales des parois vasculaires. Cette hypothèse est plutôt valable pour la variabilité glycémique à court terme. b) Des poussées transitoires d’hyperglycémie pourraient induire une activation de la phosphatase alcaline avec production de substances ostéogéniques au niveau des cellules musculaires lisses. c) La variabilité glycémique à long terme pourrait induire un état d’insulinorésistance mais ceci ne reste qu’une hypothèse. En effet, il n’est pas sûr que la relation ne fonctionne pas en sens inverse, l’insulinorésistance pouvant par elle-même être un des facteurs de la variabilité glycémique. d) Enfin, la variabilité glycémique à long terme serait un marqueur de conditions hygiéno-diététiques dégradées dans un milieu social défavorisé. Cette explication, bien qu’elle reste à l’état d’hypothèse, nous semble toutefois la plus probable. Figure. Progression sur une durée de 10 ans des calcifications des artères coronaires (CAC). L’évaluation est basée sur l’évolution du score CAC en fonction des quartiles de variabilité glycémique à long terme entre la 15e et la 25e année (coefficient de variation de la glycémie à jeun). Les scores CAC à 15 et 25 ans sont donnés par les formules suivantes : Log (CAC + 1) à 25 ans et Log (CAC + 1) à 15 ans. La progression des calcifications sur 10 ans est donnée par la différence entre ces 2 scores de CAC. La conclusion est la suivante. Qu’elle qu’en soit la cause, la variabilité de l’homéostasie glucidique apparait associée au risque cardiovasculaire, au moins en tant que marqueur et peut-être comme facteur, cette association étant valable aussi bien chez les personnes ayant un diabète que chez celles qui en sont exemptes. Publié par Diabétologie Pratique

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