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Diabéto-Cardio

Publié le 22 nov 2022Lecture 3 min

L’hypoglycémie lors d’une hospitalisation en urgence pour insuffisance cardiaque est associée à un pronostic péjoratif

Patrice DARMON, Marseille

Il est établi de longue date qu’il existe, dans le diabète de type 2, une association significative entre la survenue d’une ou plusieurs hypoglycémies sévères et celle d’événements cardiovasculaires (incluant l’insuffisance cardiaque) mais également celle de décès prématurés — même si la nature causale de ce lien n’est pas clairement démontrée. Cependant, il n’existe que très peu de données sur les relations existant entre la survenue d’une hypoglycémie lors d’une hospitalisation pour insuffisance cardiaque et le risque ultérieur de décès et d’événements cardiovasculaires. C’est tout l’objet de l’étude publiée ce mois-ci dans Cardiovascular Diabetology par une équipe coréenne.

Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 783 patients âgés de plus de 25 ans admis en urgence à l’Hôpital St Vincent de Seoul pour insuffisance cardiaque entre mars 2016 et juin 2018 ; les patients présentant un diabète de type 1, une dysthyroïdie ou une pathologie grave associée (cirrhose, cancer, sepsis…) étaient exclus de l’étude. Les caractéristiques des patients à l’inclusion étaient les suivantes : hommes/femmes 49/51 % ; âge médian 76 ans (intervalle interquartile 65-92 ans) ; diabète de type 2 50,7 % ; fraction d’éjection du ventricule gauche 41,9 % en moyenne ; insuffisance cardiaque d’origine ischémique 29,2 % des cas. Une hypoglycémie à l’admission était définie par la mise en évidence d’une glycémie inférieure à 3,9 mmol/L (70 mg/dL). Les patients étaient répartis en trois groupes : absence de DT2 et d’hypoglycémie (49,3 % des cas, groupe 1) ; DT2 sans hypoglycémie (40,6 %, groupe 2) ; DT2 avec hypoglycémie (10,1 %, groupe 3). La seule différence significative entre les patients des groupes 2 et 3 était la fréquence du traitement par sulfamide hypoglycémiant (18,6 % vs 38,0 %). Au terme d’un suivi moyen de 25 mois, l’incidence du MACE 3 points (IDM non fatal, AVC non fatal, décès cardiovasculaire) et des décès toutes causes étaient respectivement de 20,3 % et 20,2 % dans la population globale mais variaient de façon significative entre les trois groupes (MACE : 14,8 % dans le groupe 1, 22,3 % dans le groupe 2, 39,2 % dans le groupe 3 (p < 0,001) ; décès toutes causes : 14,2 % dans le groupe 1, 21,9 % dans le groupe 2, 42,3 % dans le groupe 3 (p = 0,002)). En analyse multivariée incluant l’âge, le sexe, l’IMC, l’ancienneté du diabète, les antécédents de pathologie cardiovasculaire, d’insuffisance cardiaque ou de maladie rénale chronique, l’étiologie de l’insuffisance cardiaque, le tabagisme, la pression artérielle systolique, l’HbA1c, la glycémie à jeun, le taux de troponine, de NT-proBNP ou de protéine C réactive et la prise d’un traitement antihypertenseur ou d’un traitement par statine, sulfamide hypoglycémiant ou insuline, les patients du groupe 3 avaient une augmentation significative du risque de MACE, de décès toutes causes et de décès cardiovasculaire par rapport à ceux du groupe 1 (HR ajusté 2,29 (IC95% 1,04-5,06) ; 2,58 (IC95% 1,26-5,31) ; 2,87 (IC95% 1,17-7,05), respectivement). À l’inverse, le risque de MACE, de décès toutes causes et de décès cardiovasculaire n’était pas significativement majoré chez les patients du groupe 2 comparativement à ceux du groupe 1 (HR ajusté 1,42 (IC95% 0,86-2,33) ; 1,32 (IC95% 0,81-2,16) ; 1,12 (IC95% 0,61-2,07), respectivement). Cette étude est la première à montrer une association indépendante entre hypoglycémie modérée lors d’une hospitalisation en urgence pour insuffisance cardiaque et morbi-mortalité cardiovasculaire ultérieure à court et moyen terme. Toutefois, il ne s’agit que d’une analyse rétrospective, portant sur un effectif limité et ne permettant pas de générer d’hypothèses mécanistiques (hypoglycémie, facteur causal ou simple témoin d’une vulnérabilité sous-jacente ?). À l’heure où la prévalence de l’insuffisance cardiaque ne cesse de croître dans la population des patients vivant avec un diabète, d’autres études sont nécessaires pour confirmer et affiner les conclusions de ce travail. Publié par Diabétologie Pratique

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